L'église de Garchy, placée sous le vocable de Saint Martin a été construite au cours du XIIème siècle. On sait qu'elle existe déjà en 1147 et qu'elle est l'une des quatre églises qu'Humbaud, évêque d'Auxerre, attribua à l'abbaye de Saint Laurent.

C'était un "prieuré-cure" de l'ordre de Saint-Augustin, dépendant de l'archiprêtré de Varzy.

Ensuite la paroisse appartint au Prieuré Bénédictin de La Charité sur Loire.

Construite à proximité de la rivière l'Asvins, l'église est qualifiée de "bijou de l'art roman" et entièrement classée à l'inventaire des Monuments Historiques le 19 novembre 1910.

En approximativement neuf siècles, les pierres de l'édifice ont connu beaucoup de guerres, famines, épidèmies et accompagné la vie de combien d'habitants?

        VISITONS L'EXTERIEUR

      L'élégant clocher d'ardoise (restauré en 1844 et 1972 suite à de  violents orages) se dresse fièrement sur la partie antérieure de la nef. Actuellement, deux cloches y trouvent abri. Elles ont été classées aux Monuments Historiques le 7 décembre 1947.La plus petite et "La plus ancienne (1684) porte deux écussons accolés, timbrés d'un casque, celui de dextre a une tige de millet, soutenue d'un croissant et un chef chargé de trois étoiles". On y lit aussi cette inscription: il est entré dans la fonte de cette clochette un morceau de la cloche de Saint Téodule, miraculeuse contre le tonnerre à sollevre(?) le 31 may 1684.(Répertoire archéologique de la France, département de la Nièvre 1874 Imprimerie nationale). Son parrain est Louis Millien Seigneur de Garchy. (Gentilhomme ordinaire de la Grande Fauconnerie du roi Louis XIV)

    - La seconde cloche datée de 1712 a pour marraine Jeanne Elisabeth Rameau, fille du seigneur de La Barre, conseiller du roi, en l'élection de La Charité. Elle porterait  le nom du parrain(également Louis Millien) le nom du curé et des fondeurs.

Le curé se nommait Jean Lefebvre.

Cette cloche a vraisemblablement été fondue sur place, comme cela se pratiquait à l'époque.

Elle a été fondue par des "maîtres saintiers" Lorrains de Neufchateau: Nicolas Lecomte et Gaspard Ladvocat .

Nicolas Lecomte, basé à Corbigny, prospectait dans un grand périmètre à la recherche de cloches à fondre.

 

A cette époque, souvent, les matériaux de base étaient fournis sur place au maitre saintier.

En ce temps-là, notre région était riche en petits centres métallurgiques locaux:((ex: extraction et fonte de minerai de fer à la Ronce, aux Pivotins (Vielmannay)) et cela permettait une réalisation à moindre coût pour le client.

La cloche de 1712 fut peut-être réalisée dans ces conditions.

Avant la révolution de 1789, Garchy avait trois cloches, la plus grosses a été fondue pour "faire des sous ou des canons".

Les cloches furent électrifiées en 1994 période où l'abbé Jean Bourry était placé à la tête de la paroisse.

 

  Le portail romano-bysantin, a tympan nu, est souligné d'un arc en plein cintre avec des lignes perlées, des moulures et des bandelettes en entrelacs. L'arc repose de chaque côté sur deux colonnes d'une facture sobre et équilibrée.

    Chacune de ces colonnes est surmontée d'un chapiteau diversement orné.

Au xvème siècle un imporatnt incendie aurait atteint le portail lors des guerres de religion; à cette époque, le seigneur de Garchy ayant embrassé le parti huguenot.

Sur la surface du portail, en haut et à droite on peut voir des trous. Ce sont des impacts de balles de fusils mitrailleurs:

    En effet, en septembre 1944, venant du Mur de l'Atlantique, des détachements de soldats allemands, occupaient des zones parallèles à la route nationale 151 pour protéger la remontée du gros de leurs troupes vers l'allemagne.

                     Le 12 septembre 1944, une cinquantaine de soldats allemands investirent Garchy avec leurs armements. Ils s'embusquèrent dans le Saut du Loup, derrière le mur du chateau et au cimetière route de Donzy. Dans l'après-midi, un groupe de résistants les attaquèrent et de durs combats eurent lieu. Il y eu de gros dégats dont un lieutenant nommé Leblanc mortellement blessé...

    Comme on peut s'en rendre compte sur la photo ci-dessus, cet élément d'architecture (pinacle) se situe sur le faît du toit de l'église perpendiculairement au milieu du porche.

       L'abside pentagonale avec entablement garni de "têtes de clous" et soutenue par des modillons, ne semble avoir subi aucune modification depuis sa construction.

         " Un modillon est un élément d'architecture qui sert à soutenir une corniche, un avant-toit ou un balcon. Il se différencie du corbeau par le fait qu'il est sculpté"

         Côté place du village, on peut apercevoir une porte en ogive obstruée, qui servait à évacuer les défunts après l'office, pour les enterrer directement, sans cercueil, dans un simple linceul, vers le cimetière situé alors sur l'actuel emplacement de la place du village.***

Ce cimetière fut transféré vers celui de la route de Donzy entre 1871 et 1872

***Suite à un texte daté du 19/08/1685 et à une visite d'inspection de l'évêque Colbert à Garchy, le cimetière n'était pas fermé par un mur. Le cimetière étant trop étendu, cela aurait coûté trop cher de le clore en totalité. Désormais le cimetière "n'ira plus tout autour de l'église mais seulement le long de l'église du côté de l'Evangile"(côté gauche )--Archives paroissiales de Garchy..

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 Au 19e siècle, le terrain entre l'église et le lavoir était la chènevière municipale, cultivée pour le chanvre au profit des personnes nécessiteuses de la commune.

 

A trois mètres du grand portail, accolé à l'escalier qui monte sur la place, il y avait un  petit cimetière en promontoir de 40 m carrés le tout entouré de grilles, lieu de sépulture de la famille Durand-Millet.

En1871, lors de l'enlèvement de l'ancien cimetière autour de l'église, la famille Durand-Millet demanda le privilège de conserver ses sépultures à l'emplacement réservé. Cette demande fut acceptée, car en 1858, madame Marie Millet, épouse du maire de l'époque Louis Ernest Durand, avait fait don à la commune d'un terrain de 17 ares qui servit d'emplacement à la construction de la mairie.

Huit tombes étaient hérigées. La dernière personne  inhumée le 29 janvier 1910 dans ce petit cimetière fut monsieur Paul Durand, maire de Garchy..

Par la suite, la famille Durand ayant quitté le pays, ces tombes furent laissées en état d'abandon et gênaient l'accès au portail de l'église. En 1968, le conseil municipal rechercha les descendants et un accord fut conclu pour le transfert de ces sépultures dans le cimetière actuel où des places leurs furent gratuitement attribuées.

 

        VISITONS L'INTERIEUR

        La nef rectangulaire, voûtée en berceau, mesure 21 m de long sur 7 m de large et peut contenir environ 165 personnes assises.

    * En 1685 la nef n'est pas voûtée : " La charpente est toute nue et comme il manque quelques tuiles, il pleut dans l'église"

        Le bénitier est composé d'une vasque en faïence de chez Montagnon ( Nevers) offerte en 1975 par l'abbé Jean Bourry.

Concernant le support métallique de la vasque (fonte ?) et le pied en pierre, nous n'avons trouvé aucune indication de datation.

   Un immense tableau daté de 1920, oeuvre  de l'abbé Renard, tient une grande surface sur le mur gauche de la nef.

L'abbé Renard, longtemps curé de Saint Franchy, décédé vers 1960 aurait peint plusieurs tableaux de ce genre dont un identique dans l'église de Saint Saulge. Ce serait les deux seuls tableaux qui existent dans la Nièvre.

L'homme en uniforme, tête nue, serait un grand blessé de guerre, proche de sa famille, habitant Saint Saulge, venu se recueillir dans un cimetière de champ  de bataille.

Cette scène est entourée des 46 noms de combattants de Garchy morts au champ d'honneur. (1914-1918)

 

      Sur les côtés des bancs de la nef, on remarque deux formes différentes:

                - une en forme de croix grecque

                - l'autre en quadrilobe.

Ces bancs ont été fabriqués en 1875 par le sieur brault menuisier à Narcy.

 

      Dans la nef côté sud, s'ouvre la chapelle seigneuriale dite chapelle Saint Antoine (du prénom de son fondateur) à plan carré, voûtée sur croisée d'ogives. Cette chapelle est éclairée par une baie à meneaux de style flamboyant.

Une porte permet l'accès direct de l'extérieur sans avoir à entrer par le portail. Cette chapelle (25 places assises) fut construite  fin du XVème ou début du XVIème siècle par le seigneur de l'époque:  Antoine de Saligny ; cette chapelle lui appartenait en propre.Antoine de Saligny était "Commissaire des Guerres et résidait dans un hameau dépendant de cette paroisse.Cette chapelle a été fondée pour y faire le service le jour de la fête du dit Sieur qui est chômée (choumée) ordinairement dans cette paroisse"Antoine de Saligny était propriétaire du domaine de la Barre depuis 1651; ce domaine fut vendu par ses héritiers en 1697 à Elie Rameau; les héritiers de ce dernier veilleront à leurs droits sur cette chapelle jusqu'à la révolution.

Suite au compte rendu d'une visite épiscopale du 16 aout 1685 on sait que la chapelle est séparée de la nef par une "balustrade" de bois. Ce qui implique que les villageois venus aux offices étaient séparés de la famille seigneuriale...

Une curieuse ouverture pratiquée de biais et en profondeur dans le mur de la chapelle, permet à une personne assise face à ce boyau, de voir uniquement l'autel et l'officiant.

Ce système donne lieu à deux interprétations:

          $$la plus ancienne serait qu'elle permettait au seigneur de suivre les offices religieux sans se mêler au reste de la population.

          §§la seconde et beaucoup plus récente, serait que cette ouverture permettait à l'organiste(ou au musicien) de mieux voir l'autel et le prêtre,pour être en synchronisation avec les gestes de l'officiant.

Cette dernière hypothèse paraissant être plus en adéquation avec la religion....

La chapelle Saint Antoine, actuellement dédiée à la Vierge, a été restaurée en 1863 avec la création des deux vitraux de la Vierge et de Saint Joseph par le maitre verrier nommé Gilbert de La Charité .

Dans la chapelle, on peut voir également le meuble de la "Fabrique". Ce meuble servait notamment à mettre en sûreté l'argent de la communauté paroissiale. Il comportait 3 serrures différentes et leurs trois clés correspondantes étaient confiées à trois paroissiens qui devaient être présents en même temps pour l'ouverture du coffre.  

La Fabrique fut supprimée par la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905.

 

        La tribune, avec vue plongeante sur la nef, a été construite en 1854 par le sieur Torcole, charpentier à Narcy, moyennant la somme de 400 francs.  Elle peut accueillir une trentaine de personnes assises. C'est de cet endroit que le bedeau tirait les cloches avant leur électrification. Une trappe permet l'accès au mécanisme des deux cloches et à la charpente du clocher.

La voûte en berceau du cœur est en maçonnerie. Le chœur a été nettoyé par un badigeonnage qui recouvre et préserve une fresque représentant un ciel bleu étoilé. Il est éclairé par deux vitraux.

Le chœur se termine par un sanctuaire voûté en cul-de-four faiblement éclairé par quatre baies étroites. Chaque baie est entourée par deux colonnettes joliment et diversement sculptées.

Le chœur accueille le Maître Autel construit par des ouvriers du pays (Antoine Bonnet, Alexandre Perruchet, et Pierre Marcher) en pierre de Malvaux (un des hameaux de Garchy) en l'an 1871. On peut également voir l'ancienne fontaine d'ablution ( placée à la droite de l'autel) où l'officiant se lavait les mains avant la consécration (terme exact "lavabo"). A gauche du Maître Hotel, se trouvent deux petites niches dans le mur.

Au-dessus de l'Autel, est accroché le tableau de Saint-Martin partageant son manteau avec un pauvre, tableau exécuté en 1865.

 

 

La date d'exécution de ce tableau est inconnue mais il est certain qu'il fut restauré en 1865.

Suite à une ordonnance du doyen en date de 1881, il était préconisé d'agrandir l'église , ou mieux d'en construire une nouvelle.

Fort heureusement,ce dernier conseil ne fut pas suivi d'effets!!!.

 

Toiture rénovée

             Plan chronologique

             Sources:

 -- Les Annales des Pays Nivernais (tome 48)

 -- Archives paroissiales de Garchy

 -- Répertoire archéologique de la France département de la

    Nièvre (1874)

 -- Recherches de Monsieur Charles Gardette

 -- Recherches de Monsieur Clément Morlat

 -- et recherches personnelles de Martine Collin-Pincin.